Les fleurs de pêcher rouge vif

Pour tous les Vietnamiens, l’éclatante floraison des pêchers est un signe annonciateur du printemps. À Lang Son, les ethnies Tày et Nùng se transmettent un conte populaire portant sur cette fleur très symbolique.
Les fleurs de pêcher rouge vif:
Jadis, il existait une grande discrimination entre les différentes couches sociales, nobles et routuriers, riches et pauvres, citadins et campagnards, gens des hautes et des basses régions, etc. Il s’agissait en quelque sorte une forme de ségrégation raciale entre les ethnies elles-mêmes. On se liait rarement d’amitié, et surtout on ne se mariait qu’avec une personne du même milieu. Un jeune d’une minorité ethnique, fils d’une famille pauvre, demeurant au sommet de la Mâu Son (Montagne Mère), eut dès l’enfance d’heureuses dispositions. Leste, habile, intelligent, doué d’une bonne mémoire et d’une bonne santé, il étudiait sérieusement et travaillait assidûment. Il avait également de la compassion pour les pauvres et aidait les autres. Il jouait d’un instrument à cordes, chantait des morceaux de musique folklorique, tissait, façonnait des instruments aratoires, etc. Aussi, de nombreuses personnes lui demandaient régulièrement son aide. Les mœurs, les coutumes populaires, les s chansons folkloriques, il les savait par cœur. Chaque foique se déroulaient des festivités ou des réjouissances, il racontait des histoires et chantait d’une voie mélodieuse. Les jeunes filles semblaient boire chacune de ses paroles. Certaines lui demandaient même de leur enseigner quelques airs folkloriques. Les montagnes et les forêts de Mâu Son ne suffirent plus au jeune homme, désireux d’élargir ses connaissances.

Les fleurs de pêcher rouge vif
Il demanda à ses parents de partir à Lang Son. Le jour où il quitta le village natal, sa famille, ses proches et ses amis lui firent un bout de conduite en agitant les mains en signe d’adieu. Les feuilles des arbres, elles aussi, murmurèrent un au revoir. Les jeunes filles étaient tristes de son départ. Arrivé à Lang Son, il logea dans une famille paysanne qui l’adopta par la suite. Il étudia assidûment tout en travaillant laborieusement, afin d’aider ses parrains. Tous les gens du village se réjouirent pour la famille adoptante et félicitèrent le jeune homme, de sa conduite. Ce dernier originaire de la haute région était non seulement un bon élève mais connaissait l’art du combat. Il se lia d’amitié avec les autres, se comportant dignement, ne cherchant jamais à vexer quiconque par une parole ou un geste.

Le maître l’estimait, les condisciples avaient beaucoup d’égards pour lui. Dans la classe, il y avait une demoiselle, fille d’un mandarin local qui vivait dans le luxe et l’opulence. Elle aussi étudiait avec sérieux, se conduisait bien, ne montrait jamais aucun orgueil de la situation sociale de sa famille. Elle était très modeste dans ses relations avec ses condisciples et les autres. Elle aidait aussi les plus démunis. Le maître et ses condisciples l’estimaient beaucoup. Le jeune homme de la haute région et la fille du mandarin se prirent de sympathie et d’estime l’un pour l’autre. Tous les deux aidaient leurs condisciples à mieux comprendre les allusions historiques de la Chine et du Vietnam, les règles de versification, la composition des sentences parallèles et les dissertations en prose rythmée, etc. Durant les jours de congé, ils montèrent sur la cime du Nui Tam Thanh (Mont des Grottes des Trois sons) pour admirer Hon vong phu (Mont de la femme qui attend son mari), le site pittoresque de Lang Son dont le fleuve Ky Cùng (sans fin) décrit des méandres comme une bande de soie embrassant Nui Dai Tuong (Montagne du grand Éléphant). Sans oublier Dông Chua Song Tiên (Grotte de la Pagode des deux Immortels) sur la rive gauche, avec Nui Tam Thanh sur la rive droite. Ils se racontèrent les légendes de Xu Lang (Pays de Lang). Le temps passa comme l’ombre d’un cheval qu’on perçoit à travers l’interstice d’une fenêtre, selon un dicton vietnamien. Après trois années d’étude et de promenade, ils s’aimaient. Le maître d’école et les condisciples donnèrent leur soutien à leur amour. Mais l’obstacle qui les séparait, ce n’était pas la haute cime de la Chop Chai (Montagne du Sein de la Buflesse) ou de la chaîne de Mâu Son, mais l’écart entre la richesse et la pauvreté… et surtout la discrimination sociale. Apprenant qu’ils s’aimaient, le père de la jeune fille fut pris d’un accès de colère, proféra des injures et la brutalisa.

Les fleurs de pêcher rouge vif

En outre, il chercha à intimider le jeune homme, forçant le maître d’école à le renvoyer. Quant à la jeune fille, elle fut enfermée dans la maison. Tous les deux eurent le coeur en peine. La douleur morale de ne pouvoir aimer son ami était plus grande que la douleur physique. En effet, son père la frappait régulièrement. Elle pleura jours et nuits, ne mangeant ni ne buvant et ignorant les conseils de ses proches. Quant à lui, le jeune homme écrivit une lettre d’adieu, dans laquelle il exprimait ses sincères remerciements au coeur noble empreint de beaux sentiments de la jeune fille et l’excusa de ne pouvoir répondre à son bel amour. Il pria un de ses condisciples de transmettre cette lettre. L’ayant reçue, la jeune fille pleura à fendre l’âme. Elle déchira un pan de sa robe blanche pour écrire une lettre avec son propre sang, le coeur serré et désespéré. Elle lui donna rendez-vous pour une dernière rencontre. Attendant l’occasion favorable, quand ses parents et ses proches dormaient, elle s’échappa de la maison pour venir au rendez-vous, sur la pente de la colline près du village où le jeune homme logeait depuis quelques années. Elle lui passa la lettre, l’embrassa et éclata en sanglots. Tous les deux pleurèrent, se lamentant de leur infortune. Les larmes trempaient les caractères de la lettre écrite en lettres de sang. Avant le petit jour, ils durent se séparer. Elle retourna dans sa famille et le jeune homme, dans son village natal sur Mâu Son. Leurs larmes de sang s’éparpillèrent le long du chemin. Dès lors, ils pensèrent affectueusement l’un à l’autre jusqu’à mourir, dans les regrets du maître d’école et des condisciples, des habitants de Lang Son et des deux villages, celui de Mâu Son et l’autre où il vivait. Le fleuve Ky Cung coula en tourbillonnant comme pour communiquer la douleur de la séparation du jeune talent et de la demoiselle. Au printemps de l’année suivante, sur le lieu de la dernière rencontre, poussèrent des arbres qui fleurirent d’un rouge vif comme la couleur du sang. On nomma ces arbres: bich dào (les pêchers aux fleurs d’un rouge vif). Ensuite, les habitants de Mâu Son plantèrent les bich dào en forêt, en guise de souvenir des deux jeunes gens et de leur bel amour. Et à l’occasion du Têt nguyên dan (Têt du Nouvel an lunaire), il est devenu une habitude pour les habitants de Lang Son d’aller au marché choisir une branche de bich dào pleine avec des fleurs déjà épanouies. Ils la plantent dans un pot, un vase, afin d’orner la maison, durant les jours du Têt. Aussi, bich dào et ses variétés sont-elles devenues le symbole de la Fête du Nouvel An des Vietnamiens.

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