L’hindouisme au Vietnam
L’hindouisme au Vietnam:Le royaume du Champa a été profondément influencé par l’hindouisme, et beaucoup de tours cham qui servaient de sanctuaires hindous, contiennent un lingam (symbole phallique de Shiva) que Vietnamiens et Chinois vénèrent encore. Après la chute du Champa au XVe siècle, la plupart des Cham restés au Vietnam se sont convertis à l’islam tout en continuant de pratiquer différents rites et coutumes brahmaniques.
Sanctuaire de My Son (Temples hindouistes)
Les monuments du sanctuaire de My Son
Brève synthèse
Du IVe au XIIIe siècle, le littoral du Viet Nam contemporain fut le berceau d’une culture remarquable, d’inspiration spirituelle indienne hindoue. On en trouve l’expression concrète dans les ruines d’une série de tours-sanctuaires impressionnantes dans ce qui fut, pendant quasiment toute son existence, le site spectaculaire de la capitale religieuse et politique du royaume de Champa.
Le sanctuaire de My Son s’est développé du 4e au 13e siècle de notre ère. Ses édifices s’élèvent dans la région montagneuse du district de Duy Xuyen de la province de Quang Nam au Centre Viet Nam. Le sanctuaire est situé dans un cirque élevé, entouré d’une chaîne de montagnes formant le bassin-versant du fleuve sacré de Thu Bon. C’est là que celui-ci trouve sa source et que, jaillissant du cirque, il suit son cours à proximité des monuments et baigne le centre historique du royaume cham pour se jeter dans la mer de Chine orientale. A l’embouchure du fleuve se trouve l’ancienne ville portuaire de Hoi An. Cet emplacement confère au sanctuaire une importance stratégique puisque c’était une place forte facile à défendre.
Les tours-sanctuaires ont été construites sur dix siècles de développement continu dans ce qui constituait le cœur de la patrie ancestrale du clan règnant des Dua qui ont unifié les clans chams et établi le royaume de Champapura (cité du peuple cham en sanskrit) en 192. Du 4e au 13e siècle, cette culture unique sur le littoral du Viet Nam actuel, a été tributaire spirituel de l’hindouisme du sous-continent indien. Sous cette influence, de nombreux temples ont été construits, dédiés à des divinités hindoues telles que Krishna et Vishnou, mais par-dessus tout, Shiva. Bien que le bouddhisme mahayana ait pénétré la culture cham, probablement à partir du 4e siècle, et se soit établi fermement dans le nord du royaume, l’hindouisme shivaïte est demeuré la religion établie d’état.
Les monuments du sanctuaire de My Son sont les constructions les plus importantes de la civilisation de My Son. Les tours-sanctuaires présentent une variété de dessins architecturaux symbolisant la grandeur et la pureté du Mont Méru, la montagne sacrée mythique, berceau des dieux hindous au centre de l’univers, à présent reproduite symboliquement sur terre dans la patrie montagneuse du peuple cham. Les temples sont construits en brique cuit et en piliers de pierre décorés de bas-reliefs en grès représentant des scènes de la mythologie hindoue. Leur caractère sophistiqué en matière de technologie témoigne des compétences chams en génie, alors que l’iconographie et le symbolisme élaborés des tours-sanctuaires jettent de la lumière sur le contenu et l’évolution de la pensée religieuse et politique cham.
Le sanctuaire de My Son est un ensemble architectural remarquable qui s’est développé sur dix siècles. Il évoque de manière lumineuse la vie spirituelle et politique d’une étape importante de l’histoire de l’Asie du Sud-Est.
Les monuments sont uniques et sans pareil en Asie du Sud-Est.
Critère (ii): Le sanctuaire de My Son est un exemple exceptionnel d’échange culturel où une société autochtone s’adapte à des influences culturelles externes, notamment l’art et l’architecture hindous du sous-continent indien.
Critère (iii): Le royaume cham a été un phénomène important de l’histoire politique et culturelle de l’Asie du Sud-Est, brillamment illustrée par les ruines de My Son.
Intégrité
Les tours hindoues du sanctuaire de My Son sont situées dans un site bien protégé dont les limites sont clairement définies. Il existe huit groupes de 71 monuments conservés, ainsi qu’une archéologie enfouie importante représentant la séquence historique complète de la construction des tours sur le site, couvrant la période entière de l’existence du royaume cham.
La conservation des monuments de My Son a commencé au début du 20e siècle, peu après leur découverte à une époque moderne par des archéologues français. Pendant la seconde guerre mondiale, la première guerre d’Indochine et, surtout, pendant la seconde guerre d’Indochine, de nombreuses tours ont été endommagées. Toutefois, du travail de conservation a été fait et le reste des tours-sanctuaires a été entretenu et est bien préservé.
Le site est la proie de conditions climatiques sévères telles que les inondations et la forte humidité, bien que l’élargissement du fleuve et le dégagement de la végétation environnante aient minimisé ces incidences. Il reste le problème continu de la présence possible de munitions non-identifiées et non-explosées au sein de la zone tampon du site, ce qui a affecté la recherche archéologique de zones récemment découvertes, la restauration de huit zones de monuments, ainsi que la présentation du site aux visiteurs.
Authenticité
Notre compréhension de l’authenticité du sanctuaire de My Son est tributaire du travail d’Henri Parmentier au début du 20e siècle. Historiquement, l’investigation menée par les archéologues, les historiens et d’autres chercheurs au 19e siècle et au début du 20e siècle a confirmé l’intérêt du site et de ses monuments, lesquels sont des chefs d’œuvre de construction en briques de l’époque, à la fois sur le plan de la technologie de leur construction et du fait de leurs décorations détaillées sculptées dans la brique. La situation et le caractère sacré du site ont assuré que les monuments sont restés intacts dans leur cadre naturel d’origine, bien que beaucoup d’entre eux aient subi des dommages au cours des années. Les interventions de conservation menées par des experts français et polonais ont été relativement mineures et ne compromettent pas le niveau général d’authenticité du site. L’authenticité de My Son en matière d’architecture, de matériaux, d’ouvrage et de situation, continue à soutenir son intérêt universel exceptionnel.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Le bien a été reconnu Monument national en 1979 par le ministère de la Culture et Monument national spécial en 2009 par le gouvernement national. Toutes les collectivités locales et nationales doivent respecter les dispositions de la Loi du patrimoine culturel (2001, amendée en 2009).
Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a la responsabilité générale de la protection du bien, et l’exerce par l’intermédiaire de son département de la Préservation et de la Muséologie. Cette responsabilité est dévolue au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province de Quang Nam qui collabore étroitement avec le Comité populaire du district de Duy Xuyen, lequel a établi le conseil de gestion des Vestiges et du Tourisme de My Son. Une place est accordée aux besoins spéciaux du patrimoine historique dans le Plan national du développement du tourisme, ainsi que dans le Plan général de développement socioéconomique du district de Duy Xuyen.
Une stratégie en vue de la révision du Plan principal de conservation de My Son est en train d’être mise au point dans le cadre du projet actuel pour définir My Son comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO pour la région de l’Asie et du Pacifique et devrait être intégrée au plan de gestion mis à jour du site.
Après l’unification du Viet Nam en 1975, le travail de conservation recommença pour de bon et, à présent, la conservation du bien satisfait à des normes élevées. Des équipes nationales et internationales travaillent sur le site.
Bien que les autorités vietnamiennes aient déminé les munitions non-explosées entourant quatre monuments principaux depuis 1975, le travail progresse lentement et une grande partie du travail de déminage reste à faire.
Afin de sauvegarder le bien, le premier ministre du Viet Nam a promulgué la Décision 1915/ QĐ-TTg, laquelle autorisait officiellement le Plan principal du bien (de 2008 à 2020) et fournissait des crédits pour sa conservation et sa promotion touristique.
La gestion des zones boisées des alentours du site a besoin d’être améliorée pour permettre une meilleure protection environnementale du bien. La surveillance aiguë de ces zones relative aux effets des conditions climatiques extrêmes devrait se poursuivre et devrait être incluse dans la gestion future à long-terme du bien.
Du fait de l’augmentation considérable du nombre de touristes visitant le site, la gestion de sa capacité d’accueil sera de plus en plus importante et devrait également faire partie du Plan de gestion requis pour le site.
Il est essentiel de continuer le travail de déminage afin d’assurer la sécurité des personnes et de permettre l’accès approprié au site et la compréhension des monuments dans leur cadre.
Description historique
Le royaume de Champâ est né en 192 après J.- C., quand le peuple de la région de Tuong Lam se dressa contre ses suzerains chinois et fonda un État indépendant dans l’étroite bande de terre qui longe la côte de l’Annam. Cet État est connu d’après des archives chinoises sporadiques, dans lesquelles il apparaît successivement sous le nom de Lam Ap, Hoan Vuong et de Chiem Thanh, une transcription de Champâpura, qui signifie « la cité du peuple cham ». L’économie cham était basée sur l’agriculture (culture en rizières), la pêche et le commerce maritime.
Les Chams tombèrent sous l’influence de l’hindouisme du sous-continent indien à un stade précoce de leur développement, quoique la date exacte ne soit pas connue. Ils construisirent de nombreux temples dédiés aux divinités hindouistes : Krishna et Vishnou, par exemple, mais par-dessus tout Shiva. Le bouddhisme mahayana, qui doit avoir pénétré la culture cham plus tard, probablement au IVe siècle, s’implanta solidement au nord du royaume de Champâ, mais le l’hindouisme et plus particulièrement le culte de Shiva resta la religion officielle.
Ce royaume comptait deux cités sacrées, appartenant chacune à un grand clan. Mi-sön (dont le nom, en vietnamien, signifie « belle montagne ») était sacrée pour le clan Dua (Narikelavansa en sanscrit), qui vénérait le roi mythique Srisanabhadresvara et gouvernait Amaraveti, la région septentrionale du royaume ; c’était également la capitale de tout le royaume de Champâ. Si la signification religieuse de Mi-sön était importante, son emplacement lui donnait également une importance stratégique car, nichée au coeur d’un petit cirque montagneux, la cité était une place forte facile à défendre.
Les monarques qui se succédèrent du VIe au VIIIe siècle favorisèrent Mi-sön et la dotèrent de temples magnifiques. Entre 749 et 875, le clan Cau prit le pouvoir et, pendant un temps, la capitale fut transférée à Vivapura, au sud du territoire. Néanmoins, Mi-sön conserva son importance religieuse, et reprit sa place au début du IXe siècle, sous le règne de Naravarman Ier, qui remporta nombre de batailles contre les armées chinoise et khmère.
Dés le début du Xe siècle, l’influence du bouddhisme commença à s’étioler, au bénéfice de Mi-sön, où l’hindouisme avait toujours dominé. Quand arriva le règne de Giaya Simhavaram, à la fin du Xe siècle, il s’était hissé à un pied d’égalité avec le bouddhisme dans le royaume cham. C’est à cette époque que furent construits la majorité des plus beaux monuments architecturaux subsistants.
Pendant la plus grande partie du XIe siècle, la guerre fit rage et Mi-sön, à l’instar d’autres sites sacrés de Champâ, en pâtit grandement. Harivarman IV ramena la paix dans le royaume. Vers la fin du siècle, il avait transféré sa capitale à Do Ban, mais entreprit néanmoins de restaurer Mi-sön. La guerre éclata à nouveau au XIIe siècle, quand Jaya Indravarman IV attaqua l’empire khmer et mit sa capitale à sac. Les représailles furent immédiates, et le royaume cham fut occupé par les Khmers de 1190 à 1220.
À partir du XIIIe siècle, le royaume cham déclina lentement et fut absorbé par le pouvoir croissant du Viêt-nam. Il cessa d’exister en tant qu’entité à la fin du XVe siècle, et Mi-sön cessa parallèlement d’être un lieu de culte.